Comment connaître intimement une personne, sans jamais la voir ou l’entendre ? Comment être subtilement ému par son parcours et les évènements qui le jalonnent ?
En ayant la possibilité de détailler chaque objet qu’elle possède à chaque étape banale mais majeure de sa vie : les emménagements.
Il n’y a ni score à atteindre, ni temps à battre, ni ennemi à défier. Il n’y a que des cartons à ouvrir, pour en sortir des objets un par un, les identifier, avant de les placer au bon endroit.
Tout commence dans une chambre d’adolescent. On installe chaque objet là où on peut, là où on le ferait. Le pyjama ? Sous l’oreiller. On perçoit progressivement, par des détails ou des vêtements, que c’est une chambre d’adolescente.
Les lieux de vie vont se succéder. Des objets vont passer de l’un à l’autre, parfois s’user, d’autres vont disparaitre. L’adolescente devient femme. On le constate et s’en émeut, à chaque étape, en déballant son bazar. Vingt ans de sa vie défilent.
Jamais un mot sur les lieux ou leurs résidents. Tout se comprend, se déduit, se suppose, s’imagine. Il n’y a presque rien dans Unpacking. Tout est dans les cartons, ainsi que là où ils atterrissent.
C’est un jeu beau et délicat, pudique et intime.
C’est juste une histoire d’amitié entre deux hommes, dans un monde bien trop brutal pour eux. Honte à moi, je ne connaissais pas cette cinéaste, Kelly Reichardt. Il a fallu les bons conseils de mon plus vieil ami pour corriger cette erreur. Bonne nouvelle : il n’y a plus qu’à rattraper le retard.
L’un est chinois, pas indien ; l’autre est cuisinier, tout le monde l’appelle Cookie. Le premier est téméraire mais n’apparait pas sous son meilleur jour lors de leur rencontre ; le second est plus timoré, et bien mal accompagné. Les deux ont le même enjeu que chaque être vivant sur Terre : survivre.
First cow est un film simple mais pas pauvre, sobre sans être austère, tendre sans mièvrerie. Il vise juste, raconte une chose insignifiante mais belle : deux personnes se rencontrent et se font confiance. Point.