Tu ne sais pas par où (re)commencer.
Ou bien si — peut-être par ce que tu sais :
C’est un bon début.
Tu enfiles une paire de chaussures, empoignes l’appareil, puis tu claques la porte.
Tu maugrées sur ton boîtier. Il faudrait le changer. Comme tout piètre photographe, tu compenserais volontiers ta médiocrité avec du bon matos. Tu croirais pouvoir le faire. Sans doute le feras-tu. Quand tu seras créditeur.
Voir des gens n’est pas la priorité. Avenants, implorants ou indifférents, tu te passeras de visages aujourd’hui.
Bonne nouvelle, la chaleur saisonnière tend à repousser les humains urbains sur les bords de mer. L’été dégage un peu l’horizon des villes. Seuls les puristes persistent.
Tu ne vas pas écrire aujourd’hui. Tu as des textes à la maison, tu le sais — des notes, des paragraphes, parfois des titres. Le jour où ton père a tué Marlon Brando. Liquidation avant fermeture définitive. Mais tu n’y es pas encore. Aujourd’hui, tu la boucles et tu marches.
Les passages dérobés, les terrains vague, les vitrines délaissées, les murs défaits — tout ce que les humains urbains ont laissé au bord de la route en allant au bord de la mer.
Un seul chemin : se perdre. Te déséquilibrer à chaque angle, t’obliger à aller par ici plutôt que par là. Suivre des indications qui n’en sont pas
S’émouvoir du vert, sauvage ou apprivoisé.
Faire une pause.
Les mots reviennent. Il est temps de rentrer.