Des putes, des maquereaux, des camés, des travelos, des vioques, des mômes, des négros, des métèques, des ritals, des chinetoques, des hystéros, des voleurs, des violeurs, des assassins, des voyous, des vagabonds, des mécréants, des malotrus et même des innocents.
Ça fait du monde.
Tous des punks.
Quelques richards, beaucoup de cul-terreux. Crades, inquiétants, sinistres, blessés, esquintés, essoufflés, ennuyés, écœurés, énervés, enragés, méprisants, méprisés… Patibulaires, ces individus de type caucasien, africain, latino ou asiatique. Toutes et tous photographiés entre 1870 et 1960.
Least Wanted, c’est la collection de mug shots étasuniens de Mark Michaelson. Un mug shot, c’est une photo d’identité judiciaire. Une photo utilitaire, destinée à se perdre dans un dossier qui finira par brûler dans les flammes d’une mutinerie. Mark Michaelson, c’est un graphiste résidant à Berlin, qui les a collectionné pendant plus de dix ans, comme d’autres s’intéressent aux capsules de bière, aux porte-clés ou aux pin’s.
Il en a plus de dix mille. Au début, une pochette plastique suffisait à les archiver. Puis un classeur. Une boîte à chaussures. Puis dix. Finalement, c’est une pièce toute entière de son appartement qu’il a dédié à sa collection. Des images glanées chez un flic à la retraite, en récupérant les vieux dossiers d’un cabinet d’avocats, en grattant quelques enchères sur eBay… En fouillant les poubelles du Monde.
Il en a même fait un livre : Least Wanted: A Century of American Mugshots. Un catalogue de sales gueules. Sorti en 2006, aujourd’hui épuisé, les rares exemplaires qui circulent encore sont vendus hors de prix. Il reste la galerie Flickr, blindée et fascinante.