Ça devait arriver. Depuis quelques semaines déjà, Livo l’annonce. Il le chuchote en loucedé. Au début, tu l’ignores. Tu fais comme si.
Oh dis donc, faut qu’je lance ma lessive, moi.
Les semaines suivantes, tu l’envoies bouler.
Mytho. Pars te dorer le boule à la playa cet été et reviens à la rentrée, comme tout le monde.
La semaine dernière, tu le perces à jour. Te dis-tu.
Tu te fais désirer. Tu veux qu’on te supplie.
Cette semaine, comme toutes les semaines depuis 4 ans, tu déverrouilles ton téléphone intelligent, lances ton application de baladodiffusion préférée et fouilles les nouveautés.
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La dernière Dépêche de l’histoire du monde audiophonique est tombée.
Putain, t’en chialerais.
4 ans de revue de presse complètement pétée par Livo — Olivier Minot selon l’État Civil. 8 à 10 minutes, chaque semaine, aussi soignées et kiffantes qu’un bon crû d’Amon Tobin.
T’avais déjà transpiré, l’été dernier, quand il avait soupiré.
Mais un pep talk de Sylvain Gire, le patron d’Arte Radio, et un semestre à se dorer la pilule et à fumer des pétards l’avaient remis en selle. Il était revenu à toi, plus déglingué et enragé que jamais.
Quatre ans à pisser de rire chaque semaine. À pleurer d’admiration devant tant de talent, de savoir-faire, de rigueur. À commenter à voix haute, tout seul comme un con, ses blagues, ses micro-trottoirs, ses blagues avec les gens sur les trottoirs. En râpant tes carottes, en pliant tes chaussettes, en bourrant le tambour de ta machine à laver.
Qu’est-ce qu’on s’en fout, des lessives…
Un casque sans fil haute fidélité à réduction active du bruit ventousé sur tes oreilles, te coupant du monde pour te plonger dans le sien. Finalement tout ça c’est le nôtre, de monde.
Mais c’est officiel : Dépêche, c’est mort.
Pour une fois, t’aurais bien envie de lui parler au lieu de l’écouter.
Va bien te faire cuire le cul, Livo. Bonne route. Bisou.