THIS equals THAT
Le livre était posé sur une table de librairie. Une de ces tables alléchantes — pleines de livres incongrus. Des grands, des petits, des classes, des bricolés. Parmi eux, une épaisse couverture jaune pétant aux angles arrondis. Une gueule de livre d’enfant.
A game of connections for ages 5 to 105.
La quatrième de couv’ vend du rêve: c’est d’la bonne came pour tout le monde. Promis-juré. Feuilleter reste encore le meilleur contrôle qualité.
This book is a circle
Made up of Squares
Turn through the pages
Consider the pairs
Les auteurs ont le souci du détail. La balade peut commencer.
Les pages s’enchaînent toujours de la même façon:
- Image A - Image B
- Image B - Image C
- Image C - Image D
- etc.
Pas vraiment d’histoire. Plutôt un voyage. Une déambulation, le nez au vent. Comme si les yeux avaient la capacité de viser juste, systématiquement. Glisser sur le monde en passant d’une couleur à une forme à un mouvement à une direction…
Petite prouesse — attendue et agréable: retomber sur ses pattes. L’équerre en bois sur fond rose. Incongru. Impeccable.
THIS equals THAT est un livre pour enfants de Jason Fulford et Tamara Shopsin, édité par Aperture, ONG chargée d’assurer la promotion de la photographie.
Decapitate animals
Edit : Le blog semble malheureusement ne plus être actif :-(
Outre un nom savoureux, Decapitate Animals est un magnifique blog à voyage en mollette. Là aussi, malgré le chaos apparent, la rigueur est à l’oeuvre.
D’abord, la phrase de titre.
It’s too bad she won’t live, but then again, who does?
Une thématique. Une vérité. Une citation extraite d’un livre, d’une série, d’une chanson — voir d’une discussion de comptoir.
That gum you like is going to come back in style
Puis, une femme — souvent point de départ de la balade.
Un cul, une courbe, une mine boudeuse. Une super star, une wannabe, une anonyme… Qu’importe. Que cette image donne envie de voir la suite — voilà l’essentiel.
Car c’est là tout l’intérêt de ce blog: la suite.
Matière, détail de l’image, suggestion, idée, position des corps, couleurs, situation, thématique… Les associations font parfois le grand écart — parfois non.
Sur une simple page web, armé uniquement d’une mollette ou d’un pavé tactile, l’esprit, lui, vagabonde.
Mine boudeuse puis décolleté puis charnier puis ruine d’Hiroshima puis rue de Tokyo puis ombre chinoise sur enseigne lumineuse puis première page de tabloïd d’Orange Mécanique puis page de BD psychédélique représentant Kubrick puis etc.
En fin de publication, systématiquement, crédits et sujets, lien pour télécharger une archive contenant toutes les images et sources d’inspiration.
Hover images for proper identification and shit.
Decapitate Animals, c’est une sorte de ffffound ré-agencé. Comme si le flux constant d’images était filtré, canalisé. Derrière ce blog, il y a Tao Kitamoto, un photographe danois (si, si) de skate, de rue, de festivals… Bref, sans doute un chevelu à l’hygiène douteuse, aux fréquentations pires et à la consommation d’images sur les Internets pathologique. Sans mentionner les produits stupéfiants qui doivent couler à flots dans ses veines tels des globules rouges en pleine forme. Le mec idéal pour ce genre de besogne, donc. Qu’il exécute patiemment et plus ou moins régulièrement depuis quelques années maintenant. Et qui a sans aucun doute ses fidèles. Preum’s.
Dans un voyage, le trajet est souvent bien plus important que la destination.
N’importe quel motard, cycliste ou routard comprendra aisément cette notion. Toa Kitamoto la démontre avec ce blog.
Middle + Off
Inactif depuis 2015, Middle and Off était un Tumblr amateur de duos. Comme THIS equals THAT.
Ici, pas de voyage. Pas de trajet.
Un simple constat. Un dialogue.
Parfois, une histoire racontée en 2 images.
Ce n’est pas systématique — mais la juxtaposition provoque parfois un sourire. Une élégance cassée, une position comique exacerbée. Une micro-secousse provoquée par le choc entre les deux images.
Toujours un lien. Comme si ces images étaient faites pour se rencontrer.
Ici encore, regard tendre posé sur le chaos des images de ce monde.
C’est le bordel. Mais c’est pas grave — c’est beau.