Qui se souvient de sa première teuf ? C’était à 16, peut-être 17 ans, à quelques kilomètres de la petite maison familiale, calée dans un quartier résidentiel paisible de banlieue1. En forêt de Sénart. Une lente marche en pleine nuit, une seule lampe torche pour six personnes. D’abord à l’aveugle, puis aiguillé par le lourd son des basses. À l’arrivée — au milieu de nul part, en pleine nuit : des spots suspendus à des branches ; des tentures étirées entre des troncs d’arbre ; des hurluberlus aux cheveux colorés, attendant que des produits fassent de l’effet ou déjà bien perchés. Légèrement en retrait, une platine, alimentée par un groupe électrogène et manipulée par un zozo, bien plus fasciné par les rotations de ses galettes que par la faune et la flore avoisinantes. Et. C’est. Tout.
La première fois n’a pas été… renversante.
Dans cette sélection, attardons-nous sur ledit zozo : le disc jockey.
Les teufs, la drogue, l’alcool, la tune, la reconnaissance, les rencontres frivoles, la vie de famille, l’éventualité de la reconversion, la passion dévorante pour la musique… Toutes les fluctuations des carrières de trois DJ, approchant la cinquantaine : DJ Gregory, DJ Deep et D’Julz. Le ton est juste, leurs paroles respectées, le métier décortiqué.
Trois parcours différents d’un métier singulier. Pourtant, des dénominateurs communs apparaissent, suffisamment universels pour qu’ils parlent à d’autres : le regard critique nourri par l’expérience, la capacité à prendre du recul, le rapport difficile aux réseaux sociaux et à leurs usages, le goût pour la solitude autant que le plaisir des nouvelles rencontres.
Je crois que je ne déteste pas être seul, en fait.
9x15 minutes. Ça passe tout seul.
Je l’ai lu il y a quelques années (la première édition). Si j’en ai certes un souvenir vague, je me rappelle par contre clairement l’avoir dévoré. C’était passionnant. Pour une raison simple : tu es dedans, avec lui — Laurent Garnier — qui a grandi, mûri, voyagé au même rythme que ce mouvement culturel et musical.
On retrouve chez les amateurs et producteurs de musique électroniques — Garnier comme d’autres — une caractéristique essentielle pour mener nos petites vies sur Terre : la curiosité.
Une chouette lecture, non-fictionnelle, romancée juste ce qu’il faut pour se laisser porter.
Parce que cette ligne de basse…
Non, il n’y a pas que des barres d’immeuble en banlieue parisienne↩︎